Un cinéma aux 40 000 entrées dans une commune de 2 000 habitants

Le cinéma, invention française de la toute fin du XIX^ème siècle, est profondément ancré dans le patrimoine culturel du pays. S’il a connu de nombreuses transformations depuis plus de 100 ans, avec l’arrivée de la télévision puis des services de vidéo à la demande, le grand écran est toujours plébiscité par les Français. Preuve en est, la fréquentation des salles en 2023 était en hausse de 18,9% par rapport à 2022.

Il n’en reste pas moins que disposer d’un cinéma au coeur de territoires ruraux n’est pas si courant, et est à saluer ! Rencontre avec les élus et la direction du cinéma communal de Buisson-de-Cadouin, en Dordogne.

Le pari d’une construction d’un cinéma en milieu rural

Le cinéma municipal Lux Louis Delluc (du nom du réalisateur, scénariste et critique de cinéma né à Cadouin en 1890) voit le jour en 1998 sous l’impulsion des élus, souhaitant proposer aux habitants de tout un territoire la possibilité de se rendre régulièrement au cinéma. Jusque-là, les habitants du Buisson-de-Cadouin et des communes alentours devaient faire plus de 30 kilomètres de route pour profiter de films en salle, dans les centres urbains de Périgueux, Sarlat-la-Canéda ou Bergerac.

Avec une première salle de 201 places, ce cinéma, porté par la commune du Buisson-de-Cadouin et soutenu financièrement par la Direction régionale des affaires culturelles de la région Nouvelle-Aquitaine, le Conseil départemental de Dordogne ainsi que le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, trouve rapidement son public et fédère autour de lui des acteurs qui vont, au fil du temps, devenir de véritables ambassadeurs.

Un cinéma municipal en pleine mutation…

En 2018, 20 ans après l’ouverture de la première salle, a été inauguré une seconde salle dotée de 73 places assises. « C’est la force de ce cinéma rural : ces deux salles permettent de diffuser d’un côté les films grands publics et de l’autre côté des films dits d’art et essai », précise d’emblée Didier Honno, récemment nommé à la direction du cinéma du Buisson-de-Cadouin et du futur pôle culturel de la commune. Après une vingtaine d’années passées à la Comédie française puis à l’Opéra national de Bordeaux, le nouveau directeur arrive à point nommé pour accompagner le projet voulu par les élus de la commune, de centre culturel au coeur de la commune, avec en plus du cinéma une médiathèque et un pôle d’animation culturelle.

Selon Didier Honno, « tout est histoire de rencontre et de défis. Rencontre avec une élue, Marie-Lise Marsat, et ses adjointes. J’ai tout de suite ressenti de la sincérité et de l’engagement dans nos échanges. La responsabilité de ce grand projet culturel et social est une responsabilité aussi importante que celle que j’avais à l’Opéra national de Bordeaux. Elle m’implique beaucoup plus, m’engage dans des décisions de programmation et de partenariats. J’espère que mon expérience servira l’ensemble de la collectivité. »

Toujours côté transformations, les élus du Buisson-de-Cadouin viennent d’annoncer un investissement dans un nouveau matériel de diffusion des films à l’écran, permettant une qualité inégalable et une économie en électricité de 40% grâce à cette nouvelle technologie laser.

… et connecté à tous les acteurs locaux

L’autre force de ce cinéma réside dans les deux associations locales dont l’objet même est d’animer et de fédérer autour de ce complexe culturel. « Magie cinéma – les amis du Lux » organise régulièrement des diffusions / débats et réunit un ciné club, avec des membres prescripteurs et ambassadeurs, tandis que « L’oeil lucide » est spécialisé dans le documentaire et organise de nombreuses diffusions au cinéma Lux. « La programmation classique ne suffit pas, nous faisant très vite atteindre notre taux de remplissage. L’appui de ces deux associations est primordial et nous fait franchir le plafond de verre auxquels sont confrontés beaucoup de cinémas », analyse le directeur appuyé dans ce projet par un projectionniste avec un profil technique, une projectionniste régisseuse en charge de l’action culturelle et une projectionniste chargée de la médiation.

Grâce à cette recette gagnante, ce sont plus de 40 000 spectateurs qui viennent chaque année dans les deux salles du cinéma, qui prévoit par exemple de programmer 24 fois « Le Comte de Monte-Cristo », film très attendu et à l’affiche actuellement réalisé par Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière. Un véritable succès dont on devine encore une marge de progression importante, pour que vive le cinéma, patrimoine français, au plaisir proche des habitants de ce territoire !

Par Théo