vue ventre ville pont-évêque

Pont-Évêque

La maîtrise foncière de son centre-ville, clé de l’attractivité d’une commune

Les élus de Pont-Évêque, en Isère, ont trouvé la solution pour redynamiser leur centre-ville : acheter la plupart des locaux commerciaux !

  • Il y a encore dix ans, à Pont-Évêque, la moitié des locaux commerciaux du centre-ville étaient vides.
  • Pour lutter contre ce problème touchant bien des communes, les élus ont acheté (et achètent encore) la plupart des locaux commerciaux de leur centre-ville.

La commune de Pont-Évêque, à 30 kilomètres de Lyon, fait face depuis plusieurs années à un problème rencontré par bien des villes en France : la perte d’attractivité de son centre-ville , au profit de zones industrielles et commerciales en périphérie… Le coeur de cette commune de 5 300 habitants se vidait de ses commerces avec pour conséquence directe une perte d’attractivité et de services de proximité, ainsi qu’une détérioration des bâtiments.

Mais ça, c’était avant ! « À Pont-Évêque, nous travaillons toujours en bonne intelligence avec les porteurs de projets privés et associatifs », introduit directement la maire Martine Faita. « J’ai même pour habitude de dire que notre commune se veut facilitatrice des projets privés qui contribuent aux ambitions que porte le secteur public ». C’est dans cette logique qu’a été imaginée une grande stratégie communale de reconquête de la principale rue commerçante et de vie à Pont-Évêque.

Un centre-ville dynamique comme réponse à bien des maux

Quelle a été la solution adoptée par les élus de cette ville aux portes de Vienne, pour passer de 50% des locaux commerciaux vides il y a 10 ans à seulement 20% aujourd’hui ? En optant pour une stratégie d’achat des locaux commerciaux ! « Nous avons rapidement convenu, avec mon équipe municipale, que pour mener à bien une politique de revitalisation de notre centre-ville, il fallait avoir la maitrise du foncier », précise la maire, également vice-présidente de l’agglomération Vienne-Condrieu en charge du développement économique.

La ville de Pont-Évêque a donc lancé une campagne d’achat de tous les locaux commerciaux de son centre-ville dès qu’elle en avait l’occasion, et par divers moyens. Chaque fois qu’un commerce est en vente, la commune se positionne et en faisant l’acquisition, directement, via un droit de préemption urbain voire même à l’aide d’un dispositif d’expropriation dans des cas particuliers. « Tout ceci a été rendu possible grâce au périmètre de sauvegarde du commerce d’artisanat de proximité mis en place dans notre commune selon une loi votée en 2005 », poursuit Martine Faita.

En effet, chaque commune dispose depuis cette loi d’un pouvoir de préemption d’un fonds de commerce dans les deux mois qui suivent la déclaration préalable à la vente du commerçant, à la mairie. La commune doit ensuite, dans un délai de deux ans (trois ans en cas de location-gérance), rétrocéder le fonds ou le bail à une entreprise, avec pour objectif d’assurer la diversité commerciale ou artisanale du périmètre concerné.

centre ville pont-évêque

Acheter les commerces pour mieux installer de nouveaux commerçants

Cette politique d’achat de fonds de commerce a un but : pouvoir construire avec les futurs commerçants un partenariat gagnant – gagnant. Car si le pouvoir public détient ces lieux stratégiques, il peut notamment maitriser le coût de la location pour les commerçants : « c’est un des axes prioritaires de notre politique de rachat de fonds de commerces. Lorsque nous installons un nouveau commerçant, et après avoir réalisé avec lui les travaux nécessaires à sa bonne installation dans nos locaux, nous pratiquons dans la plupart des cas un loyer moins cher que le prix moyen pratiqué sur une période négociée pour accompagner l’installation et la montée en charge des commerces« , se réjouit la maire.

Ce geste permet à de nouveaux commerçants de tenter l’aventure, sans se mettre dans le rouge et en prenant le temps de se construire une clientèle. Et s’ils le souhaitent, ils peuvent à terme acheter à la commune le fonds de commerce en déduisant du coût d’achat total toute l’argent déjà investie par le commerçant dans la location. « C’est un vrai coup de pouce que nous leur offrons, mais ils ont autant besoin de nous que nous avons besoin d’eux », affirme Martine Faita, consciente de l’importance des commerçants dans l’écosystème d’un coeur de ville.

Le fait que la commune maitrise les installations des commerçants dans le coeur de ville permet aussi d’influer sur le type de commerces qui s’ouvrent et leur complémentarité. « Ce point est primordial, la vitalité d’un centre-ville ne tient pas seulement au taux d’occupation des cellules commerciales mais bien à leur complémentarité », insiste l’élue à la tête de Pont-Évêque depuis 2011. D’ailleurs, les 20% de locaux vides dans le coeur de la ville sont voulus, afin de se garder l’opportunité d’accueillir des commerces dits « locomotives ».

Une archives intéressante sur la place du centre-ville dans la vie des habitants de Pont-Évêque

Une politique menée sur le long terme

Si cette politique volontariste de reconquête du centre-ville de Pont-Évêque s’inscrit sur le long terme, les résultats sont déjà là et une véritable dynamique se sent quand on se rend sur place.

  • Une ancienne banque rachetée par la commune est en passe de devenir une poissonnerie
  • Un ensemble bâti stratégique racheté lui aussi par la ville accueille à présent une boulangerie
  • L’ancienne pharmacie de la montée Lucien Magnat est en cours de rachat
  • Un droit de préemption a été exercé sur un café / PMU
  • Le Bar de la mairie est lui aussi en cours de préemption avec une procédure d’expropriation après 10 ans de fermeture
  • L’installation d’un restaurant en circuit-court dans un bâtiment communal avec prise en charge partielle des travaux et loyer modéré durant les premiers mois

La mairie loue également un local commercial de 50m2 et a négocié avec le propriétaire la possibilité de le sous-louer à un commerçant. Cela a permis d’installer une photographe avec un loyer minoré pendant deux ans. Il est prévu à la suite de cela un transfert de bail. Encore une fois, la commune est facilitatrice et permet aux commerces de mettre « le pied à l’étrier sans les mettre en difficulté ». L’intercommunalité joue aussi son rôle dans le domaine économique, en proposant un accompagnement aux commerçants.

Aller plus loin que les fonds de commerce

À Pont-Évêque, les élus vont plus loin que le rachat des fonds de commerce du centre-ville et se portent également acquéreur des bâtiments accueillant ces commerces. Cela leur permet de se projeter dans la deuxième phase de leur projet de reconquête de leur coeur de ville, à savoir son embellissement. En étant propriétaire des murs, la commune a ainsi le contrôle sur la réhabilitation des bâtiments et s’assure donc que les immeubles soient en bon état général et que les travaux parfois nécessaires respectent l’harmonie architecturale du centre-ville.

Une réflexion globale est aussi actuellement menée pour enrichir le mobilier urbain du coeur de ville, en le rendant également plus accessible et plus frais lors d’épisodes de chaleur. De quoi améliorer encore l’attractivité du coeur de ville et, par ricochet, le chiffre d’affaires et la vitalité des commerçants.

Par Théo

ÇA MARCHE AUSSI…

blog-bottom-image