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À Toulouse, les cantines se fournissent majoritairement avec des produits régionaux... la technique du "bien-manger".
ÉPINAY-SUR-SEINE
Dans cette ville de 57.000 habitants en Seine-Saint-Denis, les efforts de rénovation urbaine des tours de logements héritées des années 1960 ont permis d’améliorer notablement les conditions de vie dans les quartiers du centre-ville. Petit truc qui marche au sein d’un chantier colossal, la transformation de la place René Clair avec une fontaine… pas comme les autres.
La "fontaine-sèche" de la place René Clair à Épinay-sur-Seine © La Compagnie du Paysage
« Épinay-sur-Seine ». Le nom ne nous aurait pas laisser imaginer arriver sur la ligne du T8 à la station Lacépède où nous rejoignons Eugénie Ponthier, adjointe déléguée à l’écologie urbaine, au beau milieu des tours qui quelques années plus tôt, furent le décor des scènes du film Banlieue 13. « J’ai grandi ici ». Eugénie le connait bien ce décor qui a été celui de son enfance. Si l’architecture nous semble quelque peu imposante voire brutale dans cet univers de béton, Eugénie s’y sent bien et réussit à nous convaincre d’un certain esthétisme. En près de 10 kilomètres de déambulation de part et d’autre de la ville, elle a eu le temps d’avancer ses arguments.
La ville d’Épinay-sur-Seine est un cas typique de l’urbanisme de dalles hérité des années 1960 où les circulations piétonnes étaient installées au premier ou au deuxième étage des immeubles, laissant le niveau-0 aux voitures. Des années plus tard, les coursives et souricières ont terni et créé des espaces peu accueillants ni sécurisants pour les habitants. Difficile de s’imaginer qu’à quelques centaines de mètres se trouvent les plus longues (et « les plus belles » dirait Eugénie) berges de la Seine.
Depuis plus de 15 ans, la ville mène un chantier titanesque de rénovation urbaine pour transformer les immeubles d’habitation, les équipements mais aussi les espaces publics. Durant la première phase de travaux, ce ne sont pas moins de 160 millions d’euros qui ont été investis en plein centre-ville. « La rénovation urbaine est un truc qui marche » affirme Eugénie. Les circulations piétonnes se font désormais au niveau de la rue, des commerces se créent progressivement et changent radicalement le visage d’une ville en réalité beaucoup plus végétalisée qu’il n’y parait avec de grands parcs aux essences d’arbres et de fleurs remarquables.
« Le truc qui marche le mieux dans tous ces projets, c’est la fontaine sèche du centre-ville. Cette fontaine sèche, c’est la petite histoire qui permet de comprendre la grande aventure de transformation de notre ville. » En effet, malgré tous les efforts réalisés pour rénover l’habitat, le rendre plus vivable et en particulier l’été… Transformer une ville de plus de 50.000 habitants ça prend du temps !
La transformation la plus visible et celle qui profite à tous immédiatement, c’est celle des espaces publics. Les espaces publics sont d’autant plus importants à Épinay-sur-Seine que c’est l’une des 30 villes les plus denses de France (soit dans le millième des communes les plus denses). Dans ces conditions, chaque mètre d’espace public est sacré : quand l’espace est bien conçu, les habitants se l’approprient.
« Lorsque nous avons décidé de transformer la place René Clair, une place bordée d’un marché couvert fermé depuis des lustres, ornée d’une grande place en dalles béton gravillonné en forme d’amphithéâtre qu’on traversait très rapidement dès la nuit tombée, le lieu étant un peu anxiogène, nous avons voulu recréer toutes les conditions d’une place de village d’antan. Conviviale. Où on s’assoit sur un banc, où on discute. »
Tout d’abord, ça se voit ! La place bondée dès que la chaleur arrive. Il faut dire qu’en pleine canicule, les espaces identifiés comme refuge sont le RER climatisé et le centre commercial Auchan… Moins sexy que cette fontaine qui créé un large miroir d’eau au pied des tours où les enfants passent l’après-midi et installent leurs serviettes. « C’est leur plage à eux ».
Un succès qui touche tous les âges, de la petite enfance à l’adolescence. Les adultes aussi en profitent : aux beaux jours la médiathèque sort des chaises et on les habitants autour de la fontaine qui devient un point de rassemblement et un paysage urbain autour duquel on a plaisir à s’installer.
Ça marche aussi car c’est un moyen de rendre plus vivable un quartier face au réchauffement climatique qui va toucher des personnes qui sont déjà les plus fragiles et qui ne disposent pas de refuge climatique. Cette fontaine sèche, elle marche parce qu’elle s’adresse à des gens qui n’ont pas des résidences secondaires, qui parfois ne partent même pas en vacances, qui font souvent plus de 2h de trajets par jour dans des transports non-climatisés pour se rendre au travail.
Dans les immeubles en face de la fontaine, les températures montent à « plus de 50 degrés » dans les périodes de canicules nous confient des habitants. C’est invivable. Même si la rénovation urbaine fait des miracles, il reste pas mal de logements qui attendent encore d’être réhabilités.
Enfin, la fontaine marche parce que c’est un équipement public. Vraiment public. Gratuit et ouvert à tous, toute la journée (jusqu’à 22h30), sans barrière à l’entrée ni carte d’accès. « Dans ces points de fraîcheur, on vit mieux la ville, et on vit mieux ensemble – les spinassiens, de toutes communautés et toutes origines, cohabitent naturellement. »
Ce qui veut dire quelque chose de fort, qui peut inspirer toutes les communes : finalement, l’adaptation au changement climatique est peut-être, aussi, l’occasion de penser des espaces publics plus humains, plus fraternels ; c’est peut-être l’occasion de nous obliger à réfléchir à des endroits où l’on vit mieux ensemble.
Par Raphaël
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