À Muttersholtz, le premier cimetière en forêt de France

Dans cette petite ville alsacienne de « 2200 habitants et 200 cigognes » comme aime à le rappeler le maire Patrick Barbier, un projet lancé par la municipalité – unique en France – attire l’attention bien au-delà de ses frontières : un cimetière forestier comme dernière demeure des défunts en pleine nature.

Une idée inspirée par la nature et la littérature

C’est en lisant « La vie secrète des arbres », livre aux millions de lecteurs écrit par Peter Wohlleben, que Patrick Barbier a eu une révélation. Pourquoi ne pas permettre aux habitants de reposer pour l’éternité au cœur de la forêt, en harmonie avec la nature ? Cette idée, déjà bien ancrée dans d’autres pays comme l’Allemagne ou le Luxembourg, a cependant rencontré de nombreux obstacles en France, en raison de la législation funéraire.

Une innovation légale et écologique

Grâce à la loi sur les sites funéraires isolés, le maire de Muttersholtz, capitale française de la biodiversité en 2017, a su contourner ces difficultés et proposer un cimetière en forêt laïc, ouvert aux citoyens de toutes les religions. Dans cette forêt sanctuaire d’un hectare, les concessions coutent entre 400 et 800 euros pour une durée de 30 ans. Chaque arbre sélectionné permet d’accueillir autour de lui jusqu’à 12 urnes funéraires. Pas de gravier, de marbre venu de Chine ou de fleurs en plastique ici, mais des plaques discrètes signalant l’emplacement des urnes.

Patrick Barbier entend avec cette initiative contrer la marchandisation de la mort : « Le cimetière classique, c’est la société de consommation même après la mort. » Son projet se veut une réponse respectueuse et durable, en rupture avec cette approche, « le cimetière du village et le colombarium seront toujours là, mais cette forêt sanctuaire est une troisième voie qui nous semble normal de proposer ».

Un projet plébiscité au niveau national

Depuis l’ouverture de la forêt sanctuaire fin 2022, 20 personnes y reposent déjà, et 50 autres ont réservé leur place, provenant des quatre coins de la France. Le succès du projet suscite l’intérêt d’autres communes, qui aimeraient dupliquer cette initiative. Selon le maire, ce phénomène pourrait s’étendre largement, face à la demande croissante de solutions funéraires alternatives, plus proches de la nature.

À terme, la forêt sanctuaire de Muttersholtz pourrait devenir un modèle à grande échelle, transformant la manière dont les Français envisagent la mort et l’héritage qu’ils laissent à la planète.

Par Théo

ÇA MARCHE AUSSI…

Mulhouse

Angela, le dispositif contre le harcèlement de rue

Verteillac

Des comités entre élus et habitants pour développer les projets communaux